152 Paperdolls

Vêtements en briques, pieds en pinceaux de maquillage, tête de chien ou d'oiseau, yeux et mains de monstre, lèvres en beignet, nageoires et accessoires allant des camions-citernes aux muffins : les poupées en papier de Klaudia Schifferle sont composées de découpages de magazines collés sur du papier A4. Créées entre 2011 et 2016, ces collages sont colorés, espiègles, parfois mignons, et surtout malicieux. L'artiste a également peint des représentations détaillées de certains d'entre eux à l'huile. L'utilisation d'images trouvées confère à ces Paperdolls une double valeur. Elles incarnent des objets quotidiens de notre époque tout en ouvrant simultanément nos perceptions quotidiennes et en nous rappelant des sensations et des moments de notre propre vie de consommateur. Les poupées en papier remontent aux anciens rites funéraires chinois et aux figures katashiro dans les rituels de guérison japonais. En Europe, les découpages en papier de figures pour les bourgeoises à la mode ont évolué en un passe-temps populaire et peu coûteux pour les enfants. Aux États-Unis, les poupées en papier ont connu leur apogée pendant la Grande Dépression. Aujourd'hui, elles sont devenues un médium important et expressif pour les artistes contemporains afin de commenter les tendances actuelles et la vie quotidienne. Et les Paperdolls de Schifferle sont inextricablement liées à la vie contemporaine par l'utilisation du collage, qui a été ressuscité au XXe siècle pour devenir une technique emblématique de l'art moderne. Ce sont, en un mot, des tranches fines comme du papier de la vie moderne, mélangées et assemblées de manière nouvelle, ludique et incongrue pour la postérité.

Publié par Edition Patrick Frey.