Come Closer Closer Please

« Come Closer, Closer Please » est un livre de photographies prises par Leigh Johnson sur une décennie.

Regarder à travers le viseur de Leigh Johnson, c'est voir le monde comme une série d'angles maladroits, tant physiques que psychologiques. Bien qu'elles varient de naïvement simples à complexes au point d'indétermination, ses images proviennent d'un point de vue singulier et distinctif. Quelles que soient les qualités de ses surfaces, sa sensibilité est constamment décalée.

Une image typique de Johnson met à nu un moment inconfortablement intime. Elle fige des événements que nous préférerions voir fugaces et attire ainsi l'attention sur des objets et des situations qui nous font grimacer. Elle induit notre complicité dans sa pratique d'invasion, non seulement dans la vie des autres, mais aussi dans la sienne : le visage flou d'un enfant légèrement mal à l'aise et un adolescent sans défense buvant à la bouteille côtoient les restes d'un repas qui semble mieux valoir ne pas être mangé et un moment de vacances qui suggère plus d'agonie que d'extase.

La plupart des images de Johnson sont saisies sur le vif, mais ce sont ses compositions qui révèlent le plus sa relation avec ses sujets. Même lorsqu'ils jouent pour elle, elle leur refuse la résolution de leur moment. Au lieu de cela, elle les laisse suspendus à un instant juste avant ou juste après, créant ainsi des récits percés qui permettent à ses angoisses de circuler librement à travers l'ensemble de son œuvre. Elle est tenue par une identification troublée non seulement aux personnes, mais aussi aux objets qu'elle photographie. L'image clé de cette sélection est le double portrait d'elle-même et de son amant fusionnés par l'angle des miroirs sur la porte d'une armoire pour devenir un hybride méfiant et asexué. Apparemment une image d'unification, elle documente en réalité la catastrophe banale d'une relation brisée.

Disposant ses images en une constellation oscillant entre harmonie et dissonance, Johnson adopte une approche diaristique. Plusieurs récits peuvent être retracés sur ces murs. La domesticité, le travail et les voyages, la vie quotidienne et l'aventure, la beauté et le dégoût cohabitent côte à côte. Par-dessus tout, il y a une histoire d'amour, racontée en fragments, d'une honnêteté impitoyable tout en étant typiquement oblique.