DORM

« Les poitrines montent et descendent. Des particules s'écoulent de l'intérieur des poumons vers l'air libre. Elles se mêlent jusqu'à être à nouveau aspirées dans une autre poitrine. Silencieusement, les corps échangent des gaz, de la chaleur, de l'humidité. Ils créent leur propre météo. Des courants tourbillonnent dans l'air jusqu'à se poser dans une paire de poumons, pour être expulsés à nouveau dans les poutres. Tout cela est invisible. Rien ne pourrait être vu même si des yeux étaient ouverts pour regarder. » —Becket Flannery Isabelle Andriessen explore des moyens d'animer physiquement des matériaux inanimés (synthétiques) afin de leur fournir leur propre métabolisme, comportement et agentivité. Ses sculptures sont des agents habitant l'espace liminal entre sculpture et performance, composées de matériaux qui agissent et évoluent, apparemment hors de contrôle et souvent de manière irréversible.
À l'occasion des expositions DORM (2021) et BUNK (2021), cette publication réunit trois voix distinctes. L'écrivain de science-fiction et critique d'art Mark Von Schlegell contribue par une nouvelle dans laquelle un ingénieur tente de localiser une IA perdue alors qu'un vaisseau spatial fonce, bien sûr. Dans une série photographique autonome, le photographe Nikola Lamburov réimagine les sculptures d'Andriessen, capturant leurs processus dans des paysages collants, étranges et surréalistes. À travers des fractales, des liquides, des vapeurs et des métaux, l'essai de la commissaire Laura McLean-Ferris retrace les changements d'état qui s'opèrent dans les œuvres d'Andriessen, et ce faisant, découvre des systèmes d'entrelacs poreux qui prospèrent dans un monde sans humains.