Graphique

LES OUBLIÉES

Info

80 pages

2021

290mm × 215mm

Hardcover

ISBN

9791092727456

Cost

£40.00

Près d’un siècle plus tard, à une époque où de jeunes artistes reviennent aux procédés anciens pour une expression contemporaine, comment pouvons-nous réinterpréter et prolonger cette rencontre en face à face entre l’artiste et la plaque de verre, sa lumière et sa matière ? De la même manière, à une époque qui revendique la place des femmes dans l’histoire de l’art, comment pouvons-nous interroger ou bousculer ce phénomène si ordinaire de domination, qu’il s’agisse de la relation aux femmes des artistes eux-mêmes, ou d’une certaine forme de résistance encore aujourd’hui à placer les femmes artistes au cœur de la création. Nous avons choisi de demander à Anaïs Boudot de relever ce défi, celui d’une confrontation artistique autour du cliché sous verre, ainsi que celui d’une réponse au voile qui s’est longtemps imposé aux femmes artistes. Anaïs Boudot a créé une série d’œuvres sur un ensemble de plaques de verre anonymes issues de sa collection, toutes représentant des figures féminines. Une modernité dans les matériaux, dans la lumière ainsi que dans le ton qui à la fois défie et s’impose dans ce vis-à-vis avec Picasso et Brassaï. C’est suite à une plaque de verre oubliée par Brassaï dans l’atelier de Picasso que ce dernier a commencé à développer un travail particulier sur ce médium. « Et en effet, elle n’est plus vierge », s’exclama Brassaï lorsqu’il découvrit la plaque retravaillée par Picasso, comme le rappelle Héloïse Conésa dans son introduction. Reprenant les mots d’Anne Baldassari, elle poursuit : « L’artiste-taureau se penche sur la blessure mortelle qu’il inflige à la réalité pour que la figure si belle sur la plaque d’argent puisse émerger. » Quelques années plus tard, Brassaï entama sa série Transmutations dans laquelle il grave non pas sur des plaques vierges mais sur des négatifs originaux. Face à ces deux monstres sacrés de l’art moderne, Anaïs Boudot répond à une invitation de The Eyes, en prenant sa propre collection de visages anonymes sur verre, pour les retravailler avec de la gélatine. Parmi ces portraits d’anonymes des années 20, 30 et 40, les visages féminins se distinguent. Là où le grattage de la gélatine par Picasso et Brassaï est semblable à un « acte chirurgical bien plus intrusif pour faire ressortir la plasticité de l’œuvre », Anaïs Boudot choisit la dorure pour restaurer ces images d’inconnues, pour sublimer l’image de ces femmes, ces muses si peu considérées par ces maîtres et oubliées par l’histoire de l’art. Le travail d’Anaïs Boudot s’inscrit dans cette démarche instinctive et expérimentale, celle de rendre visible l’invisible. « Passer du temps avec ces visages de femmes, tout en côtoyant deux artistes historiques (masculins) avec une relation singulière aux femmes, j’ai ressenti le besoin de réagir. Au final, ce sont elles les « oubliées », car elles ont été mises de côté pendant des années dans l’histoire de l’art, reléguées au rang de muses, modèles et compagnes. Leur absence est criante et c’est sans doute cette absence que ces images tentent de mettre en lumière ». Anaïs Boudot À PROPOS D’ANAÏS BOUDOT Née à Metz en 1984, Anaïs Boudot est diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie en 2010 et du Fresnoy – studio national d’art contemporain – en 2013. Anaïs Boudot poursuit un travail autour des processus d’apparition de l’image et de l’exploration des techniques photographiques. L’artiste est représentée par la galerie Binome.

Publié par The Eyes Publishing.